En ces premiers jours de reconfinement, comme un nouveau départ pour un voyage immatériel, plus que jamais la question de la beauté ouvre les champs de l'horizon. La plume a mis en avant la place des voyelles dans le poème La beauté : le E devant le A change tout. De là l'idée que le paradis viendrait des mots de la peur. Sur le port du Guilvinec, où cette fois je me suis arrimé, l'on pouvait voir aujourd'hui une bouée d'amarrage nommée Eden sortie de l'eau - encore le E devant le A - et jetée à la poubelle à côté d'un carton étiqueté "fragile". Cette image d'illustration tombée du ciel ne dit rien d'autre que l'image du paradis perdu et cabossé raccorde encore à la beauté du monde. Dans ce poème portuaire, l'œil va son chemin devant des garages de tôle. Le jeu a pris le dessus sur l'arbitraire, et la poésie, facétieuse, s'estime gâtée des dieux sur les ailes d'un oiseau-lyre, au E devant le A. Ne comptons alors pas trop sur le marin en casquette, les yeux sur son casier, pour qu'il pipe mot à quiconque de cet éden fragile dans son "bateau Bretagne", tous deux au E devant le A. Comme dans la chanson populaire, j'hésite même à lui demander "loup de mer que fais-tu ?", de peur qu'il me renvoie son autre bouée orange au visage. Toujours les A devant le E...
LA BEAUTÉ
Un rien et tout change
Un E devant un A
La peur a dit le paradis
Nécropole modern style
Ces beautés potagères
Aux pavillons de guingois
Monsieur Jourdain l’ouvrier
Et son garage en tôle
Quel joli nom remise
On se croirait au casino
Un rien et tout passe
L’œil va son chemin
A la devanture des choses
Et se demande qui aimer
Une personne à la vie courte
Dans les habits de son passé
Dont les feuillets battent au vent
Comme les ailes de l’oiseau-lyre
Sur une partie de poker.

La beauté est une notion toute relative. Cet autoportrait "comparatif" vous invite à réfléchir sur ce curieux concept . Il faut être sincère, sur ce photomontage, je ne suis pas à mon avantage. Je le reconnais bien volontiers, mais je vous l'assure, je me suis appliqué à faire une belle grimace dans le genre "simiesque " afin d'avoir un petit air de parenté avec mon voisin ( qui affiche un magnifique sourire d' amicale connivence à mon égard ). A y regarder de plus près, nous sommes assez ressemblants et pas si laids que cela. Il y a, dans nos regards, quelque chose comme une petite flamme d'ironie et une irrésistible beauté cachée. Cette bonne humeur mutuelle que nous afficho…