Persona non grata, la taupe tient cet affreux rôle, le crapaud lui aussi. L'on dit souvent de ces tristes renommées qu'elles remontent aux vieilles lunes, jamais par le bon versant des superstitions. Pourtant, la taupe et le crapaud vivent au bel équilibre du règne animal dans la nature. Aussi les poètes les protègent-ils, comme ils le peuvent. Et les voilà même qu'ils voudraient "raisonner" les ennemis de la taupe et du crapaud. N'oublieraient-ils pas qu'ils n'ont de cesse d'outrepasser la raison, d'en sortir de l'ornière, tout droit vers le point de rupture où ils ne se préoccupent plus guère de leurs propres messages. Les deux poèmes qui suivent, en quittant le jeu de la raison pour la raison du jeu, prennent le pari que la taupe et le crapaud méritent mieux que ces mots.
LA TAUPE À L’ŒIL
Hors du trou la taupe
Au top de l’étape
S’épate du temps
Elle tend les pattes
La tête et les tempes
Plus rien ne la stoppe
Dans l’étau de terre
Pour l’autoportrait
Qu’autopsient ses yeux
LE CRAPAUD NOIR
Peau cracra pauvre animal
Depuis des milliers d’années
Les yeux plus gros que le globe
L’iris aux couleurs de l’or
La pupille à l’horizon
Vers les damnés de la terre
Ses doigts montrent le chemin
Où le neuf est amphibien
Mais pourquoi lui fait-on mal

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