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  • Photo du rédacteurMaurice Coton

La traversée et la révélation

Après une longue absence, deux poèmes de jeunesse (1980) rappellent comment j'écrivais. Etrangement, mais il en est presque toujours ainsi, ils ne me reviennent aucunement en mémoire. La traversée et la révélation, chacun de ces titres donne cependant une clé de compréhension de la création poétique. Pour ce qui est de leur écoulement, je choisis l'image d'un coucher de soleil, prélude, dans l'enchantement de la disparition. C'est peu dire que j'étais loin de remballer mon rimbaldisme.


LA TRAVERSÉE


A l’écoulement, dans les demeures qui nous élèvent, dans la région de l’œil qui crève jusqu’en son givre, par la fatigue intempérée, je m’habille en otage de ma propre houle.

Ainsi viennent en votre compagnie les prochains ponts, signaux occultes de l’errance, avant de hisser voiles et fanions, sous la parole de vos lèvres aux adieux déjà retenues : nous menons les monolithes.

Pour mettre un terme aux feuilles, aux ébranlements de la citerne ou de l’eau vive, les barreurs ont l’aspect d’une carrière abandonnée, d’un souterrain à la dérive et d’un pillage, d’autant que les mousses déplorent l’ordre à venir, l’inertie réciproque, sans que subsiste ou stagne l’amour.

Les plaines et les portes appellent le poisson, mais j’ignore de la lame ce que perd mon retour attentif.

Les côtes disparaissent ; l’oiseau qui les avale nous regarde faire, selon que nos formes aboutissent entre ses ailes. La mer, si près de nous et sombre, alors écarte les siennes.



LA RÉVÉLATION


Il est des rêves limites ou un collier que l’on ne finit pas d’enrouler, rêves aux soirs de démence pendant que les vertus coulissent, qu’elles retournent les cartes en vie et les corps en trop, aux apparences qui se dégagent du lit.

Pour les premiers, d’une mémoire rapide dont le boîtier harponne nos têtes, notre silence, rêves transformés dans les chimères d’évasions, on présente l’octave, on conduit l’aubade outre nuits et nuages avec l’accoutrement qu’on devine.

Pour les autres, aussi inanimés que possible, sans les frontières naturelles qui surgissent entre le salut et la demande, rêves de religions, cérémonies, parades et ombres nuptiales, on accepte une forge où soufflent les feux de l’envers, à la risée de l’image qui s’appuie sur les grilles.

Il est surtout une damnation parvenue au couchant à son fixe, avant de décider des voyages, dans l’immédiat où l’on se presse, vierge de tout écrasement.




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