Depuis bien longtemps oubliés dans une chemise cartonnée vert foncé bien remplie, avec en grosses lettres noires sur la couverture "Romain Coucet / Poèmes ? / (1970 - 1974)", sommeillent des textes tapuscrits. Avec émotion, j'ai ouvert la chemise et lu plusieurs poèmes qui m'étaient devenus étrangers. Les deux que j'ai choisis ici se trouvaient plutôt parmi les premières pages. Ils marquent mes premiers pas dans la poésie, quand je savais innocemment déjà où aller. L'empreinte surréaliste illuminait mon chemin. Les connaisseurs n'auront pas du mal à reconnaître des influences chez Benjamin Péret ou Jacques Prévert, si libres et vivants dans leurs langages spontanés. Un jour viendra où j'inviterai tous ces poèmes de la chemise verte dans le site internet, mais l'aperçu que voici en indique déjà la tonalité printanière, comme un clin d’œil à la pendule du temps passé.
N'EST POÈTE QUE CELUI QUI LE DÉSIRE
Je ne crois pas à l'existence d'une banlieue brûlée
Je suppose assurément un village sans clocher et une barque sans pêcheur
Le monde transforme ses épaules et pourtant quel est ce nouvel accoutrement
J'ai croisé ce matin le paysan de Paris
Quel est donc ce nouvel accoutrement
Quelle rosée n'a pas les mêmes prétentions que la joyeuse trompette
C'est par ici la fête foraine avec son grand bonnet bleu bleu bleu ou blanc blanc blanc et rouge
Ici quand pourrissent les citrouilles il y a toujours un simplet pour redresser ses oreilles
Ici quand nous nous absentons il y a toujours ce grain de sable pour rétablir le désordre
Ici quand les adultes sont poètes et les poètes adultes il y a toujours une sorte de Missouri pour grignoter le tout dernier quignon de pain humide et je vois que la vengeance se mangera chaudement
Un blanc d’œuf traduisait quelque dialecte hébraïque
Un jaune d’œuf longeait les murs décollés en mastiquant une sciure compacte et découragée
Contre un œil sous la chaussure je vendrai tout ce qui me revient
Les cloches du midi épellent les treize à la douzaine syllabes d'une confusion mystique
De mon vivant je ferai tout ce que je n'ai jamais fait jusqu'à présent
De mon vivant on ne dira pas que j'ai trahi les causes de notre poésie
De mon vivant jusqu'à ma vie je ne cesserai pas de planter les diadèmes des mots
De mon vivant les jours dessineront les taches inoccupées
En effet les avions imprègnent de sang les chairs des robots amphibies
Une voix m'a finalement transmis la démarche des essuie-glaces.
Romain Coucet
Le poète aime le pot étayé.
la peau aime feu ton pote sans moustache.
Pas de pot . Il hait me faire à repasser le pot au feu. A ce que je sache du potache: il attache et tache un bol de pistaches.