Les promenades souvent réservent d'heureuses surprises. Dernièrement, en rentrant de Saint-Denis à vélo par la rue Gabriel Péri, mon regard s'est porté sur un muret rempli de livres anciens, sans doute proposés aux lecteurs dans une généreuse intention. Comme toujours dans ces cas-là, je m'arrête illico, je passe en revue tous les livres et en choisis quelques-uns qui semblent correspondre à mon humeur du moment. Le poème "Péchés véniels de Delteil" relate cette découverte, en citant deux des livres trouvés, "La gymnastique à l'école maternelle" de Marie Dufresse et "Les Chats de Paris" de Joseph Delteil. Dans le "Manifeste du surréalisme" d'André Breton, Joseph Delteil fait partie des dix-neuf jeunes intrépides qui "ont fait acte de SURRÉALISME ABSOLU". Il a même droit à une citation qui nous conduit au poème ci-après : "Hélas ! je crois à la vertu des oiseaux. Et il suffit d'une plume pour me faire mourir de rire." Delteil ne sera pas resté longtemps dans le mouvement surréaliste. Son livre "Jeanne d'Arc", prix Femina en 1925, l'en exclura. En 1929 il déroule, dans les "Chats de Paris", sa vision originale d'une ville qui attise son imagination et enfante soudain, dans une vision éclair et prémonitoire (au tournant des pages 78 et 79), le Paris de notre temps comme personne d'autre n'en avait parlé, même aujourd'hui.
PÉCHÉS VÉNIELS DE DELTEIL
A Saint-Denis gît dans la rue Gabriel
Péri sous la couverture bleue du ciel
Un paquet de livres d’hier sans pareils
Parmi lesquels un rouge et noir manuel
De gymnastique à l’école maternelle
Et Les chats de Paris de Joseph Delteil
Qui voit qu’en l’an 2000 règne le soleil
Que tout se fait sans fil dans l’immatériel
Et qu’on n’est plus qu’un cerveau dans un cercueil
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