Briographie (suite)
Puis à Bagneux cité dortoir
D’or touareg l’air italien
Ou berbère à tisser des liens
Entre Bretons et Limousins
Tout métisser pour tout construire
En tapant dans un ballon rond
Qui roulait au verger sauvage
Occupé par un brocanteur
Où avec mes économies
Pour trois fois rien j’avais acquis
Un vase Henriot de Quimper
Que j’avais offert instamment
Le jour de la fête des Mères
J’étais comme un enfant terrible
Plus taquin que les vieux tacots
Hagards devant le cinéma
Capots ouverts sur l’écran blanc
Dont les moteurs hallucinés
Battaient au rythme de mon cœur
Dans ce temps magique en partage
Ce souvenir sort de ma manche
Nous allions sur l’Etna en pente
Accompagner dans les étages
Papa vendre l’Huma dimanche
Au monde entier comme on l’arpente
Le turbulent petit Momot
Pousse son chemin de poète
Sans rien comprendre comme il faut
Pour fuir aussi tout à l’envers
Sûr de lui mais doutant de tout
Défriche et franchit la rigole
Du plus jeune au plus âgé
Maman nous a dévisagés
Et dans des termes imagés
Elle nous a encouragés
Enfants vous êtes encagés
Nous allons déménager
Lucile Aline Irène Georges
Vincent Maurice et Jean-Denis
Bientôt vous serez huit enfants
Au grand huit géant qui oscille
Vers l’avenir évanescent
Merveilleusement indocile
De Bagneux au bois de Boulogne
Partant au bagne à moitié borgnes
Débarquent les sept garnements
De mon histoire rien ne ment
Toujours ailleurs jamais hier
Cueille le jour à la cuiller
Mon goût des proverbes devises
Ne m’aura jamais plus quitté
Comme un refuge dans les mots
Les comptines que j’improvise
Tout chasseur doit savoir nicher
Sans son chat sa sœur ni son chien
Au début de l’été suivant
Avec un tournesol au front
Aussi rond que France son nom
Ma quatrième sœur rayonne
Martingale de l’octogone
Plus rien ne sera comme avant
L’île de Pâques qui béquille
Par ses mystères maquillée
M’aurait je crois moins ébahi
Je découvrais un nouveau monde
Peuplé de spectres invisibles
De chair et d’os de pacotille
Des bourgeois de bouche à oreille
De l’avenue Victor Hugo
Jusqu’à la rue des Belles-Feuilles
Et via le square Lamartine
L’attirail complet du poète
Pour ma dernière année d’école
La sonnerie de la récré
Mettra fin comme par décret
A mon enfance et par là même
Donnera naissance au je t’aime
Qui m’a porté toute ma vie
En poésie jusqu’aujourd’hui