A la manière de nombreux noms propres qui deviennent des noms communs, l'on peut se demander pourquoi des noms d'artistes ne suivent pas ces exemples. Pour en choisir un, Arcimboldo pourrait pourtant facilement devenir un éponyme. Combien de visages rencontrés chaque jour ne nous donnent-ils pas soudain l'image d'un fruit ou d'un légume, voire d'un animal ? On qualifierait cette apparition d'"arcimboldo". Cela m'entraîne à penser que la poésie, qui est un acte gratuit de création, agit comme une dépossession. Le poème d'aujourd'hui se joue de cet artifice en tentant de réaliser des rapprochements entre des mots de végétaux et de parties du visage. Il écrit le portrait de l'arcimboldo imaginaire et emprunte ainsi le sens où les mots mènent partout.
ARCIMBOLDO IMAGINAIRE
Portrait tiré par les cheveux
D'Arcimboldo imaginaire
Un cou et une gorge en courge
Une bûche en guise de bouche
Un navet qui naît à son nez
Des oranges au lieu d'oreilles
Une gousse d'ail à chaque œil
Et au front des fonds d'artichaut
Vu que l'artiste est archi-chauve
Lorsque j'étais enfant, ils m'ont raconté que je sortais d'un chou. Quelle bien drôle d'idée!
Je me suis interrogé souvent...Mais d'où vient donc cette histoire à dormir debout
Parce que je suis un garçon plutôt pragmatique, j'ai décidé d'en vérifier l'authenticité
Après de longues recherches dans mes souvenirs, la vérité s'est révélée: sous le chou, il y a le faitout!