Par un détour dans l'antiquité grecque, un esprit curieux et chanceux pourrait s'arrêter au jardin des Hespérides, qui étaient les trois filles d'Atlas, condamné par Zeus à porter le monde sur ses épaules. Il découvrirait les pommes d'or de leur fabuleux jardin, protégé par un dragon à cent têtes. Hercule le terrassa dans ses travaux, emportant avec lui le précieux butin. Un pareil mythe parle la langue de la poésie. Les trois poèmes suivants abordent à leur façon ce thème du jardin. Pour un œil averti, ils colportent un message, sous la forme d'un triptyque. Composés récemment, ils traversent le présent à la marge. D'aucuns pourraient même les considérer comme des pièces engagées ou de circonstance. Cette écriture ne relève pourtant pas de mon jardin secret. Loin de moi toute expression de propagande. Puisqu'un message semble ici exister, alors je me risque à penser qu'il arrive sur le papier en liberté, comme dégagé de sa déconcertante incompatibilité avec le jeu poétique, tel un Hercule de la situation. Quant à l'illustration par le célèbre triptyque du "Jardin des délices" de Jérôme Bosch, c'est par un pur réflexe d'analogie, ou d'esprit spirale.
DEUX DIABLES
Sorti en grâce trop tôt
Des urgences d’hôpitaux
Méphisto sur un tréteau
Met un couplet dans l’étau
Comme à la plaie un couteau
Contre les produits phyto
Que s’il avait un marteau
Il clouerait sur un poteau
Ce diable de Monsanto
INÉVITABLE ADAM
Inévitable Adam
In Eve vite table à dents
Dévore donne qu’à manger
D’Eve ordonne qu’amant j’ai
La sève de jarre dîner
Lasse Eve de jardiner
A danser pour rêvasser
Adam c’est pour Eve assez
Sème Adam et va tomber
AU JARDIN DES HESPÉRIDES
L’espoir hostile
A ce péril
Qui laisse pâle
Le pire rôle
Aux Hespérides
S’enroule et râle
Enlacé par
L’irrespirable
Esprit spirale

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