Au bout du petit matin, j'ai marqué le pas devant le collège Aimé Césaire qui accueille des enfants de toutes les couleurs. Une banderole déployée contre un projet de réforme visant à trier - comme du bétail - les élèves par groupes de niveau m'a fait songer que le poète du sublime "Cahier d'un retour au pays natal" aurait approuvé cette protestation. Poursuivant mon chemin, je voyais autour de moi des gens de tous les continents. Le poème "Empreintes" ne relate rien de cette actualité. Il rappelle en images que nos empreintes souvent proviennent de rencontres naturelles en l'absence de hiérarchie.
EMPREINTES
La place du gourdin dans les livres pour enfants
Relègue celle des morsures dans les veines des pierres
A des rôles subalternes qui n’empêchent pas
D’obtenir les bons plans des bois de bouleaux
Où chaque tronc d’arbre dénudé renvoie l’image
Qu’on croyait réservée aux premiers cheveux blancs
Sans oser déjà mettre la clé sous la porte
Pour laisser place vierge à la forme d’un œuf
En attendant le secours d’un fameux agent secret
Reconverti en maître-chanteur des arts primitifs
Glissés entre les fauteuils d’orchestre et les hideux rideaux
Enroulés dans les grands ciels des paysages de ton cœur
Dont tu me faisais croire avec une feinte innocence
Que quelques traits rouges corrigent le courage
Mais rendent à jamais muets les derniers témoins
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