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  • Photo du rédacteurMaurice Coton

Au revoir

L'idée que l'on puisse tenir une interprétation précise d'un poème, comme de toute œuvre artistique sans doute, relève d'un excès ou écart de prétention qui décourage des créateurs en herbe de se lancer de peur d'être trahis ou dépossédés de leur vérité. J'avais un jour fait cette remarque quelque peu désabusée à un professeur qui m'avait répondu, avec une louable habileté, que l'interprétation était elle-même une création en soi, dont la précision valait pour la justesse de son expression et la sincérité de son auteur à détecter et dévoiler la présence d'un sens caché, sciemment ou pas. De notre dialogue je me souviens de sa conclusion que j'avais aussitôt notée dans un carnet : "L'interprétation existe, croyez-moi, et elle éclaire le poème comme une lampe dans la nuit donne le chemin." Le poème Au revoir me fait penser que le poète aussi se fait l'interprète de son propre poème. Cette façon de dire au revoir existe. Elle relève de l'esquive et invite, à la tombée du jour, à lever les yeux au ciel pour laisser le soleil passer de l'autre côté de l'horizon, avec toutes les pensées qui traversent l'esprit.



AU REVOIR


Tout ce qui a été évité existe

La connaissance des autres brillant par leur lourde solitude

Et par la sourde lumière du miroir qui réfléchit leur image existe

La mort arrivée au bon moment

Dérivant de même existe

Ne pas être là

Ne pas être soi

Tout existe

L’absence existe

La mémoire existe

La vie retenue au col

A la menace facile existe

Ce qui n’a pas lieu d’être existe

Le repos existe

La porte trop basse qu’on franchit en se courbant existe

Ce qui n’a pas le nom de l’espérance

Mais qui en prend les apparences

Et en tient les promesses existe

Le tour de magie quand il échoue existe

Avant l’évasion finale

L’existence existe

Existe pour agrandir les photos décollées des albums souvenirs.




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