Quel enfant n'a pas rêvé de grimper sur un belvédère ? C'est l'endroit idéal pour contempler le paysage et s'y projeter soi-même dans le temps, où le passé, le présent et le futur se confondent dans une indescriptible harmonie. Le poème "Belvédère" joue sur cette confusion en installant une balançoire en lieu et place de belvédère. Seuls les enfants comprennent la machination et, ce faisant, m'invitent à croire que le belvédère est le point central de ma poésie.
BELVÉDÈRE
Sur la route de la corniche
On a monté une balançoire
Le jour les petits s'amusent
Pendant que les grands contemplent l'océan
La nuit la balançoire grince au vent
Dans les rêves des enfants endormis
Elle raconte l'histoire d'un capitaine
Embarqué sur le plus beau bateau
Avec tout un fier équipage
Pour un périple au long cours
Jusqu'au plus profond des vagues
Puis au matin la balançoire s'arrête
Elle ne sait pas pourquoi parfois
Un homme s'approche du parapet
D'un peu trop près se balance et trébuche
Et quand elle le demande aux enfants
Ils lui disent que c'est la faute au capitaine
Un gosse de riche sur une balançoire en or
Je suis sur le belvédère... il ne faut pas exagérer. J'eusse aimé le trouver pour me grandir, ne serait-ce qu'un petit instant, afin d'avoir l'illusion de m'élever et de caresser le firmament. Je n'ai gravi qu'un ridicule muret, mais il m'a aidé à m'approcher de la béatification. Pour être honnête, je n'ai rien senti de bien miraculeux. Juste une sensation d'un léger déséquilibre et le sentiment de ne pas être vraiment à ma place. Très vite, j'ai compris qu'il fallait que je descende de mon piédestal et que je retrouve mon état naturel... En fait, je ne suis qu'un simple terrien et je reste toujours le garçon le plus petit de la fratrie.
Un vrai rêve d'enfant!!!