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Photo du rédacteurMaurice Coton

D'ici

Dernière mise à jour : 28 mars 2022

Au Guilvinec comme à Léchiagat, d'une rive à l'autre du port bigouden, ont été disposées des silhouettes inanimées, souvent de marins d'hier en costumes colorés, dont des notices explicatives racontent l'histoire. Leurs auteurs n'oublient jamais de vanter les mérites des pêcheurs, exposés à des conditions de navigation et de travail qui défient l'entendement. D'ici et Mauvais temps, les deux poèmes choisis pour engager un dialogue impromptu avec les auteurs des silhouettes, sinon avec les silhouettes elles-mêmes, ont délibérément délaissé les péripéties rencontrées par les gens de mer. Ces poèmes, de facture différente, tentent plutôt de pénétrer la chair des sentiments. Des accords et des éblouissements ont fait disparaître l'angoisse originelle, remplacée par une infime douceur et ironie. S'il fallait donner une couleur, sans hésiter je la prendrais dans la galerie de la mer : le scintillement des écailles, au moment de relever le filet sur le pont, avant de retrouver le chemin du stade municipal.


D’ICI

Je suis d’ici

Au pied des mâts

Maigres constitutions

De ce pays d’ici

Aux charpentes d’éboulis

Toujours éblouies

D’ici d’averses fines

Au creuset du jour

Aux plis des langues

Dames et d’hommes rudes

Brouilleurs de pistes

D’ici rattrapé et retenu

Rêves trous au ciel

Rêves d’ailleurs d’ici

D’assez douce compagnie

De distraite condition

D’ici même docile.



MAUVAIS TEMPS



Pluie fine du matin

Signée par l’idée que tu te fais

De la mer voisine

Servie par un ciel tourmenté

De nuages gorgés d’averses

Couronnés d’un turban noir

Toute ressemblance fortuite

Avec celle de la baleine

Crachant ses harpons dans le vide

Qui n’en tient plus de recueillir

Des messages sarcastiques

D’un avis de grand vent

Pour un goéland affolé

Déroutant le facteur à vélo

En bordure du stade municipal

Mais tu n’as pas besoin de l’entendre

Se plaindre encore du mauvais temps

Responsable de son emphysème

Tu es toujours d’humeur massacrante

Quand tu sors comme ça

Un paquet de chips dans la main

Pour tenter de refaire à l’abri

Le coup tordu de la pyramide


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1 Comment


Vince
Dec 09, 2020

il a décidé de prendre sa planche et de s'y rendre en glissant

Qu'importe sa destination finale, il surfe sur la vague élégamment

Les bras tenant fièrement la barre et le regard tourné vers le soleil

Parfois il ferme les yeux et navigue presqu'en tombant de sommeil

Il sait que rien ne l'arrêtera parce qu'il le fait toujours sans effort

Il garde l'intime espoir qu'il atteindra son but et arrivera enfin à bon port...



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