"Fata Morgana", Fée Morgane en italien, ce nom commun a disparu de notre vocabulaire courant, alors qu'il pourrait être employé à tout bout de champ, dans un sens propre ou figuré. Phénomène optique, une Fata Morgana désigne un mirage, le plus souvent apparu à l'horizon. La vie, pour qui ouvre les yeux, est une continuelle Fata Morgana. La grande artiste peintre Toyen l'a dit mieux que quiconque, sous l'angle lié à la poésie : "regarder signifie aussi être dans une certaine mesure aveugle, car il y a des paysages visibles et des paysages invisibles". Son tableau de l'enfant qui part à la chasse à la Fata Morgana illustre le poème ci-dessous, dédié aux fées qui sauvent le monde aveugle en créant des apparitions plus que réelles.
FATA MORGANA
Chacun a sa version des fées
Je ne donnerai pas la mienne
Pour celles qu'on a étouffées
Des parquets des danses de Vienne
Aux bûchers des autodafés
Grâce aux mirages qui surviennent
Et produisent de tels effets
Que les peurs antédiluviennes
S'effacent des marcs de café
Cette délicate acrobate, mimant une araignée frêle, tisse sa toile
En apesanteur et scintillante telle une mystérieuse étoile
elle se hisse vers le ciel avec une subtile lenteur. Elle est apaisante
dans la nuit noire de ce bel été à la lune naissante
Sans un bruit, où l'on entend uniquement qu'un léger souffle d'air
Elle disparait avec magie comme le mirage dans le désert