Maurice Coton
L'annonce du sens
Sans l'once d'une hésitation, j'ai intitulé "L'annonce du sens" le poème ci-après qui commence par ces quatre mots. Rien n'est moins sûr pourtant qu'il s'agit d'un seul poème. Les trois "strophes" ont été écrites le même jour, à la suite, comme l'indique la page manuscrite de mon journal, le 18 mai (1991). Un ou trois poèmes ? Qu'importe la réponse, sinon en proposant que l'annonce du sens soit la vocation de la poésie. Peut-être même que le sens n'existe que dans l'annonce que chacun en fait, le visage voilé dans la dissimulation. D'où le choix du tableau de Magritte "Les amants" qui essaie d'illustrer et équilibrer le message que j'en donne. Mais pourquoi en parler aujourd'hui ? Parce que mon étonnement a été grand de retrouver ce poème composé au lendemain de "Vive l'école" (le poème précédemment publié dans ce blog) et de rechercher le lien possible entre eux. En vain ! La tentation de l'écriture provient de cette continuelle apparition de mots à la source du langage. Car le poète est un scribe, à la tête de mule cachée sous le voile du baiser sans fin de l'annonce du sens.
L’ANNONCE DU SENS
L’annonce du sens
Vieille incantation au cœur battant
En un baiser sans fin
Colorée d’ombres
Lâche au ciel des ballons
Comme des bulles de savon.
Les rêves se préparent
Dans le noir
En réponse à certains anarchistes
Qui ont emporté en exil
Sans faire de calcul
Leur fer à repasser.
On prie les sages
De donner leurs bons avis
Quand s’éteignent les lumières
Éloignant les troupes
Aux poings liés
Dans leur jaune compote.
