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  • Photo du rédacteurMaurice Coton

L'étroitesse du monde

Trois poèmes aujourd'hui disent l'étroitesse du monde. Tous les poèmes disent cela. Ils ne cesseront jamais de tenir ce message. Car ils n'en connaissent pas d'autre. Ils empruntent pour ce faire le chemin de l'évasion. D'où le rôle de l'imagination, celle qui ouvre des grilles, matérielles comme affectives, jusqu'aux limites des immensités qu'elle aimante. D'où aussi la quête incessante d'un point fixe. Se déplacer autour relève du domaine de l'aventure, quelles que soient l'intention et la distance. Le rêve, jour et nuit, en est le moyen de prédilection par excellence. Les mots en donnent l'épreuve. Et comble des combles, c'est souvent dans une minuscule cellule que naissent les poèmes. Une main recueille la rosée, l'autre effeuille la nausée.


DANS TOUS LES SENS


J’ai confondu

le radieux mouillage

avec un jet de cailloux

sur les carreaux de l’autre rive.

Au pied du cassis

où j’ai posé mon blanc ballot

je cherche dans tous les sens

un gîte parfumé

sous des eaux

ou entre des mains

prêtes à me déborder.


*


L’ÉTROITESSE DU MONDE


Souvent dans les chambres à coucher

on sent toute l’étroitesse du monde

traverser son corps et héler

avec force alternative

un diable aux cernes creuses

qu’on aimerait suivre

jusqu’au fond des cuves

où règne l’odeur des proies.


*


À LA FIN D’UN PRINTEMPS


On parle toujours

à la fin d’un printemps

de la chambre retenue

par un vieillard dans l’aise.

Dans la chambre à côté

le lait d’un biberon

servira d’offrande

aux jardins de l’hôtel.

Le vieillard croira

qu’on éponge la dette

qu’il doit aux vivants.




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