Maurice Coton
La bonne chose
Si l'on appliquait à la poésie la règle des trois unités de temps, lieu et action, propres au théâtre classique, nul doute que La bonne chose, poème, remplirait les conditions. Autant dire que cette affirmation n'engage que son auteur, non sans quelque humour, est-il nécessaire de préciser ? Pour cela, il suffit de considérer ici "le bout des rêves" comme unité de temps, "un bouquet d'étoiles" unité de lieu, et "l'ouverture du grand atlas" unité d'action. Il reste une dernière unité, dont on ne parle guère : le carnet, le cahier, le bloc, la feuille volante, le bout de papier, quadrillé, argenté, recyclé…, le morceau de "papelard", la bonne chose qui recueille l'écriture avec laquelle l'auteur entretient le plus souvent une relation fusionnelle.
LA BONNE CHOSE
Avec des bouts de rêve
Cerclés à la tige d’un papier d’argent
Nous ferons un bouquet d’étoiles
Nous y mettrons une mèche
Mais avant de l’enflammer
Nous raffolerons d’une apparition
Jeune passagère chaudement vêtue d’allégories
Un tantinet scandaleuse dans son langage
Dont le gai savoir sera accompagné
Sur la rive d’un fleuve bleu blanc vert
Par quelque fou rire très contagieux
Qui la fera disparaître
Il sera midi pile
Rien n’aura été jamais aussi embelli
Et quand éclatera la détonation
Quelqu’un que je ne nommerai pas
Aura tout juste le temps d’ouvrir le grand atlas des jours
Pour y extraire le mot pardon.
