Jusque dans les fables de La Fontaine, j'ai toujours aimé les rencontres inopinées de deux personnages réels ou imaginaires que tout oppose. Que serait la vie sans ces échanges qui prolongent la querelle en possible concorde ? Dans la fable La rose et le roseau, les deux plantes semblent en mesure de s'entendre, à la poursuite de cet idéal de l'enfance, comme en quête d'une morale que l'on veut bien ne plus écouter. Autrement dit, la lectrice et le lecteur peuvent ainsi s'identifier chacun respectivement avec la rose et le roseau.
LA ROSE ET LE ROSEAU
Un roseau plus fort qu’un chêne
Las de toujours dire non
A la bise ou la tempête
Qui venaient courber sa tête
Rêvait de briser ses chaînes
Et trouver un compagnon
Contre qui rien ne s’oppose
Il supplia une rose
Qui lui répondit moi j’ose
Arrose haut la rose et cause tout bas au roseau qui glose de belles choses en prose et courbe le dos sous un gerbe d'eau de rose.