Il m'est souvent arrivé d'aimer démesurément les arts graphiques. Là, Rembrandt a occupé tout un continent. Lui et d'autres, comme Brueghel ou Goya qu'il représente idéalement, m'ont donné même quelquefois raison de suspendre un poème pour exprimer une émotion. Comme un tableau de Rembrandt, tous les arts qui échappent à l'écriture "exposent" au grand jour un vieillard à son écritoire devant un crâne que protège une lionne aux aguets. L'art : vanité des vanités ? Non, car d'un arbre centenaire à moitié mort perce une branche bien vivante. Toute allégorie de cette nature ramène magistralement à la poésie. Il n'est message ni passage plus salutaire.
LE CONTINENT DE REMBRANDT
Des arts vivent morts ce soir dans les massifs
Quand à travers les remous s’est étendu mon dernier numéro
Pour un voyage préoccupé d’oiseaux rares.
Il m’est égal de rassurer si je trouve l’alibi de blasphémer sur le sort.
J’ai cru donner toutes ses chances et tout son sens
A une solitude érigée en système mais dont a triomphé l’ironie
Parfois au-delà des idiomes courants
Où j’ai consenti à traduire mon émotion.
Mes étranges malaises à visage découvert signalent ma présence
Ils n’en mesurent point l’inconfort
Trop de lumières s’attendent
Elles regardent où les îles éparses de l’océan reflètent un code moral
Qui n’en finit pas de mourir.
Déjà le continent de Rembrandt rencontre l’inquiétude suspendue à un fil
Et en prélude des airs de couleurs anciennes se porteront
Comme des fauves sur une immense branche.
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