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Photo du rédacteurMaurice Coton

Le continent de Rembrandt

Il m'est souvent arrivé d'aimer démesurément les arts graphiques. Là, Rembrandt a occupé tout un continent. Lui et d'autres, comme Brueghel ou Goya qu'il représente idéalement, m'ont donné même quelquefois raison de suspendre un poème pour exprimer une émotion. Comme un tableau de Rembrandt, tous les arts qui échappent à l'écriture "exposent" au grand jour un vieillard à son écritoire devant un crâne que protège une lionne aux aguets. L'art : vanité des vanités ? Non, car d'un arbre centenaire à moitié mort perce une branche bien vivante. Toute allégorie de cette nature ramène magistralement à la poésie. Il n'est message ni passage plus salutaire.


LE CONTINENT DE REMBRANDT


Des arts vivent morts ce soir dans les massifs

Quand à travers les remous s’est étendu mon dernier numéro

Pour un voyage préoccupé d’oiseaux rares.

Il m’est égal de rassurer si je trouve l’alibi de blasphémer sur le sort.

J’ai cru donner toutes ses chances et tout son sens

A une solitude érigée en système mais dont a triomphé l’ironie

Parfois au-delà des idiomes courants

Où j’ai consenti à traduire mon émotion.

Mes étranges malaises à visage découvert signalent ma présence

Ils n’en mesurent point l’inconfort

Trop de lumières s’attendent

Elles regardent où les îles éparses de l’océan reflètent un code moral

Qui n’en finit pas de mourir.

Déjà le continent de Rembrandt rencontre l’inquiétude suspendue à un fil

Et en prélude des airs de couleurs anciennes se porteront

Comme des fauves sur une immense branche.



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