Il y a des sens qui échappent à partir du moment où on veut les saisir. Ils font penser à la lumière d'un phare qui tourne dès qu'elle s'allume. Ces sens possèdent probablement des dons innés d'interprétation, mais qui ne seront dévoilés que plus tard. Sans doute que la poésie joue de cette insaisissable lumière ou musique, selon que l'on touche au sens de la vue ou de l'écoute. Le poème Le phare donne le sentiment de vouloir parler de l'existence que chacun mène jusqu'à une certaine distance. Est-ce la levée de la tempête qui empêche de voir où mène ce sens ? Ou les troubles reflets du phare dans la mer ? Ne cherchons pas trop, du moins pas aujourd'hui. La présence des bons samaritains aux jeunes pensées semble émettre ce sage conseil.
LE PHARE
Au terme de nos jours
nous n’allons pas plus loin que le phare
qui se dresse quand nous l’abordons
depuis le flanc de la côte.
Au même moment notre nef s’élance
au-devant d’une si forte houle
que nous pensons à rebrousser chemin.
Que la bataille livrée soit perdue ou gagnée
nous sentons la tempête
en découdre avec les éléments
dont nous avons pu obtenir les faveurs.
Des êtres en costume de sauvetage
nous lancent des appels à la raison.
Mais la détresse est sage
pour gravir les rouleaux
qui mettent l’embarcation autour du phare.
Au terme de nos jours
de l’autre côté de la berge
les bons samaritains étrennent
de tous les attirails de leurs jeunes pensées
les plafonds que nous laissons
à hauteur de nos fraîches illusions.
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