Le pitre, qui n'a pas rêvé de l'être l'est sûrement. L'on en voit à tous les étages de la société, du laquais au seigneur, des pitoyables et pires encore, y compris chez les poètes au grand cœur, et je ne prétends point y échapper. Ce poème déjà ancien a dû être écrit comme un pastiche. Le recours (rare) à l'alexandrin ne saurait ici tenir lieu d'excuse ni de pirouette. Et mon dieu ne parlons pas de l'esprit potache, sinon impie, qui ne m'aura jamais laissé tranquille.
LE PITRE
Quand l’ère chrétienne eut épuisé tous ses papes
Qu’ils eurent dépassé tous la limite d’âge
Surgit de nulle part un curé de village
Qui sur la table un coup prêcha-t-il moi je tape
Il trouva très divin de sortir d’un pupitre
Le nombre transcendant pi qu’il choisit pour règne
Avec pour formule il suffit qu’on me craigne
Avant de modifier les versets des épîtres
D’une autorité telle il se para ensuite
Qu’on lui donna le nom de Révérend Picrate
Parce qu’il fit marcher son peuple à quatre pattes
Comme lorsqu’on a bu à en prendre une cuite
Mais il en eut assez de ces bonnes piquettes
Assez d’entendre dire allez donc qu’on picole
Avec une chipie il se mit à la colle
Et jusqu’à l’épiderme il en perdit la tête
le pitre a enfin voix au chapitre..Il était temps. Ivre sur son pupitre attitré, comme dans un rêve errant sur un étang plan, il bouscule les tables de lois au jeu de l'oie, se pique la rate à quatre pattes et court au bouillon.