Le poème Ligne en mouvement montre des personnages en colère qui jouent rarement un rôle dans ce genre d'écriture. C'est vrai que l'on a plus l'habitude de rencontrer un délégué syndical et un commissaire dans une manifestation que dans un sonnet. A moins qu'il s'agisse d'un rêve dont le sens secret serait qu'en poésie, comme nulle part ailleurs, il ne faut jamais se fier aux apparences ni aux poncifs. Chacun y a sa place, jusqu'à l'absurde caricature. Cette Ligne en mouvement avance la question : pourquoi ne pas passer par le rêve et la poésie pour obtenir l'équivalent d'un complément de salaire et d'un surcroît ou même d'un renversement de réalité ?
LIGNE EN MOUVEMENT
J’ai vu de mes yeux un gros marteau
Une goutte de sang une seule pas deux
Ce n’était pas normal mais je n’y pouvais rien
Et aussi j’ai vu un délégué syndical
Il était tout en pleurs je crois qu’il simulait
Il disait qu’on l’avait ligoté aux poignets
Déchiré ses papiers en mille morceaux
Cassé ses lunettes et volé ses bagages
Ce type est furibard il faut qu’on l’évacue
A hurlé le commissaire qui possède un secret
Une recette de cormoran à l’oseille
Moi je préfère l’aile de raie au cerfeuil
Cela me rappelle un bruit de carillon
Lequel n’apparaît pas à mon ordinateur
Lié au souvenir de m’être embourbé
Dans un terrain propice aux manifestants
Oui j’ai bien vu un complément de salaire
Alors je me suis réveillé à demi-conscient
Que la terre avance dans le sens inverse
Juste, drôle et sensible rendu d’expérience : Il y a à apprendre en humanité en faisant les manifestations