Le monologue du temps tient parole. N'est-il pas la matière première de la poésie ? Définissons-le comme cette forme de silence profond dans lequel chacun descend en se heurtant à des parois existentielles, communes à tout le monde. C'est le moment où l'on s'aperçoit de sa singularité, tout précisément quand l'on ne sait plus à qui ni à quoi ressembler. Il ne reste plus qu'à gravir quatre par quatre les vers du poème ainsi intitulé, en songeant ensuite à un ancien déménagement comme une nouvelle vie.
MONOLOGUE DU TEMPS
Il ne s’est rien passé
Depuis qu’on s’est revu
On a perdu un mois
Rien du tout n’a changé
La moquette est posée
Et les draps sont lavés
La date est reportée
Du déménagement
Les cartons à primeurs
Débordent de bouquins
Mais on ne sait plus quand
Et le cœur n’y est plus
Dans les vases en grès
Les bouquets ont fané
Comme fond le danger
Sur une femme objet
Les gars sont fatigués
Du féminin des noms
Leur projet tombe à l’eau
Ils sont près de craquer
Le peintre doit s’arrêter
De percer des secrets
Il vide un quart de vin
Dans le fond de ses pots
Le plombier finira
Dit-il par arriver
L’enquête suit son cours
Dans un cercle fermé
댓글