Comment dire que certains mots, dès qu'on les prononce ou les écrit, changent de sens. Ils entraînent alors des idées qu'on n'imaginait pas et qui n'avaient même pas lieu d'être. Partant de là, ils empruntent un sens où se reflètent toutes sortes d'images ressurgies d'un passé effacé. Je rangerai la "flaque" dans cette famille de mots capables de susciter un imaginaire insolite, comme si l'averse qu'on vient de traverser se résume à une forme aqueuse, en creux entre les surfaces inégales de l'esprit. Le temps s'arrête soudain pour laisser l'enfant que l'on a été continuer de jouer ses tours de magie. Comme une enfant, la poésie éclabousse et patauge dans les flaques des mots. Laissons plutôt le poète Georges Perros nous indiquer le chemin : "Le langage c'est un océan de mots. Pour ma part, ou je suis presque noyé dedans, ou, quand la mer se retire, je regarde, je marche sur ce qui reste. Des trous, des flaques."
OH LES FLAQUES
Sur les fronts d’antan
Où notre amour flotte
Et se replie sur lui-même
En repartant à cloche-pied
A la morte saison
La terre forme des flaques.
Involontaires enchanteresses
Elles résorbent nos tourments.
Ponts de l’autre pont
Vers lequel nous disparaissons
Elles rejettent la misère
Dans les semences et les sources.
Oh les flaques
Oh l’imprévoyance accomplie
Oh les verbes d’ensablement !
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