Le poème "Oiseau de buvette" commence à dater. Je l'ai retrouvé sans le reconnaître, relu et retranscrit comme s'il ne m'appartenait plus. Est-il possible qu'un poème reste à son auteur ? Pas que je sache. Un roman, un essai, une pièce, un article, assurément sont réalisés pour satisfaire aux besoins du commerce, mais pas un poème, je le saurais. La propriété ne s'applique pas à la poésie, elle n'en a pas le sens. Le personnage du poème, dont la mémoire remonte au temps de ses amours, se trouve au milieu du gué de sa vie. Son enfance lui ouvre un champ d'horizons, à perte de vue, jusque dans les "oubliettes du rêve". Il se comporte comme un oiseau de buvette, coq hardi toujours prêt à faire cocorico pour ses actes gratuits. C'est sans doute sa manière, à lui, de pouvoir gagner sa vie.
OISEAU DE BUVETTE
Au temps de tes amours
quand ta mémoire
t’en sert les souvenirs
et que tu t’en délivres
en remontant son fleuve
tu penses à toi
comme à un oiseau de buvette.
Tu imagines plutôt
que tu volais
de tes propres ailes
et que tu avais été comblé
en ton enfance heureuse.
Aujourd’hui que tu polis
les verres de ces instants dorés
tu regardes à perte de vue
de ce côté-là des choses
et tu te prends à siffler
dans les oubliettes du rêve.
J’aime le poème et surtout le texte qui l’accompagne que j’ai lu plusieurs fois.
Je me suis demandé si cette phrase était juste : "Le personnage du poème, dont la mémoire remonte au temps de ses amours, se trouve au milieu du gué de sa vie »…
Ne se trouve-t-il pas au début du gué de sa vie, non au milieu… N’est-on pas toujours « au commencement de nous-même » quand on aborde (ou quand on a abordé) un poème ? Il n’y a jamais, dans un poème, d’après mon expérience, de dernier mot ! Le mot de la fin se trouve toujours au début ! Au début de quoi ? Au début du gué de la vie pardine !